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L'actualité des étudiants
12 mai 2015

Entretien : Ils utilisent leur environnement pour se battre

Ils se battent avec leur environnementC’est une pratique que l’on connaît peu et qui a vu le jour très récemment : utiliser les objets présents autour de soi comme d’une « aide » lors d’une bagarre. Guillaume et Clément, fiers précurseurs et pratiquants, répondent à nos questions pour éclaircir leur activité. Portrait.

 La Rédaction : « Bonjour messieurs…

 Guillaume : S’il vous plait, appelez-nous G.G et C.F…

 LR : G.G et C.F, pouvez-vous vous présenter brièvement et nous expliquer l’origine de cette pratique ?

 G.G : Bien le bonjour, c’est très simple. Tout d’abord, nous nous sommes rencontrés au cours de nos études (Master 1 et 2 Science Environnement et Terre, Marseille, Ndlr) et nous avons très vite accroché. Nous sommes vraiment très proches, mais ce qui caractérise notre relation, c’est que, ça ne se passe pas toujours très bien entre nous. Bien qu’on essaie d’enterrer la hache de guerre et ce, de la manière la plus efficace possible, il y a des fois où il n’y a rien à faire, elle ressort. C’est précisément lors d’un de ces moments-là qu’on a inventé la pratique.

 C.F : (Rires) C’est vrai, je m’en souviens très bien. Lors d’une pause-café à la fac, il avait plu la veille et des gouttes d’eau de pluie ruisselaient encore du toit. J’ai pris le thé de Guillaume et je l’ai disposé sous la goutte d’eau. La hache de guerre est aussitôt remontée à la surface, il était furieux. Jamais je n’aurai pensé qu’il aurait pu réagir comme ça, je me suis même trouvé super drôle sur le coup, mais ça n’a fait rire que moi, il y a des fois, ça ne passe tout simplement pas.

 En tout cas, il était tellement irrité, qu’il ne trouvait pas les mots pour décrire la supercherie. Il a rapidement observé l’environnement qui nous entourait, il y avait un banc en bois d’environ 50 cm de haut, il a pris une impulsion dessus avec son pied droit, est monté dans les airs, a armé son poing, et il m’est tombé dessus comme ça, sous le regard effaré de nos camarades. J’ai pris une bonne mornifle j’avoue, j’avais le nez en sang et j’ai dû subir un protocole commotion. C’est à ce moment-là en tout cas que l’idée de développer sérieusement cette pratique a germé dans nos esprits.

 LR : Que s’est-il passé ensuite ? Vous n’avez pas répondu à l’assaut ?

 C.F : J’étais dans l’impossibilité de le faire malheureusement. Il avait vraiment mis à mal mon intégrité physique. Du coup ils sont tous retournés en cours et moi je suis rentré chez moi, à Belsunce, pour réfléchir un peu sur mon cas. Ça m’a fait du bien finalement et j’ai commencé à faire des recherches sur le sujet.

 LR : Justement, quelles ont été vos influences, vos modèles ?

 G.G : Tout d’abord, il y a eu cette vidéo sur YouTube où on y voit un homme du RAID sauter les deux pieds en avant sur un pare-brise de voiture, afin de mettre hors d’état de nuire l’individu qui se trouvait à l’intérieur. C’est vite devenu mon héros, le mec gérait parfaitement  les 3 dimensions de l’espace. Un peu comme un gamin qui regarde en boucle Spider-Man ou Captain America, moi je visualisais cette vidéo et j’avais des rêves plein la tête.

 Ensuite, il y a eu le livre 4 tome 2 de Kaamelott où ils expliquent qu’ils ont décidé de s’entraîner à combattre, en se servant des objets présents dans l’environnement. Par exemple, ils se servent d’un fenouil, mais en le tenant par la partie sporadique car c’est la partie tige qui peut faire mal. On s’est dit que c’était carrément du génie.

 LR : On entend beaucoup parler de la « hache de guerre » entre vous, et d’une rumeur concernant un weekend à Paris récemment, pouvez-vous nous en dire plus ?

 G.G :(Il hésite) Oui effectivement, le weekend du 1 mai, nous avons loué une villa en région parisienne, dans le but de se retrouver entre amis marseillais. Tout s’est très bien déroulé jusqu’au samedi soir, mais sur les coups de 3 ou 4h du matin, ça a dérapé, la hache est remontée, c’était inévitable.

LR : Vous pouvez développer ?

 G.G : La vérité, c’est qu’on était venu en Île-de-France avec plein de bonnes intentions. On s’est dit, ça va être un environnement nouveau, avec des nouveaux objets, Paris est la ville des possibilités donc on se disait qu’il y aurait des opportunités de bagarre illimitées et qu’on allait apprendre plein de nouvelles choses. En fait, comme on était tous content de se retrouver, tout s’est très bien passé quand on était en ville, mis à part ce coup de poing sauté depuis un banc public (voir photo ci-dessus), parce-que j’avais mangé sa fin de pizza.

 C.F : C’ÉTAIT UNE PIZZA SAVOYARDE ! (il se lève et prend impulsion sur l’accoudoir du canapé)

 G.G : On va tâcher d’oublier les 10 dernières secondes (dit-il, très calmement). Je disais donc que samedi soir, on venait de finir un jeu de carte quand il s’est jeté sur moi pour me rouer de coups avec son meilleur ami Gaël. C’était puéril, il ne s’est même pas servi de l’environnement, c’était de la violence gratuite, une vilénie absolue, il était beaucoup trop alcoolisé et il n’a pas pris la mesure de son acte, j’ai cru crrrrrrrrevé. Forcément, la hache de guerre s’est mise à poindre instantanément (il fait un schéma avec ses doigts, en matérialisant le sol avec une main, et la hache avec l’autre, cette dernière étant clairement au-dessus du niveau du sol). Après cet épisode, ça a un peu gâché le weekend, il a essayé de se racheter toute la nuit mais ses propos n’avaient ni queue ni tête à cause de l’alcool. Finalement, le lendemain je suis allé à l’opéra et on a fini là-dessus.

 LR : Pouvez-vous nous donner votre version C.F ?

 C.F : Franchement, je n’ai pas grand-chose à ajouter. Je ne peux qu’avouer mes tords. Vous savez, quand on pratique ce genre d’activité, on flirt beaucoup avec la limite, c’est aussi ce qui me plait, mais là, je l’ai clairement franchi et je me suis senti terriblement mal. Le rhum coulait à flot toute la nuit et j’ai disjoncté, le pire c’est que ce n’est pas la première fois. Pour être honnête, deux jours plus tôt, en sortant de l’Emporium à Rouen, on a commencé à se chamailler avec mon 2ème meilleur pote Romich, mais une droite en pleine mâchoire est partie, je m’en suis voulu là aussi mais le mal était fait. Faut vraiment que je travaille là-dessus.

 LR : Finalement, vous dîtes que vous optimisez au mieux l’environnement pour vous battre, mais à part des bancs de 50 cm de haut, vous utilisez quoi ?

 G.G : C’est vrai que les bancs, c’est ce qu’on trouve le plus en milieu urbain et c’est assez redoutable, croyez-moi. Quand un colosse de 96 kg vous tombe dessus de 2,70 m de haut, les deux poings en avant, vous y réfléchissez à deux fois avant de revenir lui casser les pieds. Mais il y a eu d’autres objets, ne vous inquiétez pas.

 LR : Une anecdote particulière ? On vous écoute…

 C.F : Un soir, on sortait du RU (Restaurant Universitaire, Ndlr) sur la Canebière, la sortie donne sur la rue Curiol, une petite allée très sombre perpendiculaire à la Canebière. Là, on est tombé sur une clocharde bien rondelette, elle devait faire environ 1 m³. Elle nous cassait vraiment les pieds et sentait fermement le whisky. GG a tenté de dialoguer mais il a vite compris que ça ne le ferait pas. Il a donc fait rapidement un inventaire des lieux, il y avait cette barrière derrière lui, 1 m de haut environ. Pas le temps de réfléchir, il a mis un coup de pied dans la bouteille de Jack Daniels, il a sauté pied joint sur la barrière, facile le mec. Entre temps, la bouteille virevoltait dans les airs, il a pris impulsion sur la barrière et il a pu saisir la bouteille en plein vol, un peu à l’image d’un Kung Fu au handball. (Le Kung Fu est un tir acrobatique dans lequel le tireur reçoit le ballon alors qu'il est en suspension au-dessus de la surface de but adverse et, dans le même geste, tire en direction du but avant de toucher le sol, Ndlr.) Finalement, il a éclaté la bouteille sur le dessus de sa tête et elle est restée là, sans vie, jonchant le sol. Chacun est rentré chez soi après. Il a fait preuve d’une dextérité que je ne lui connaissais pas ce soir-là.

 LR : Impressionnant en effet ! Et vous C.F ? Vous pouvez nous raconter son coup de grâce Guillaume ?

 G.G :Ahahah ! Le riiiiiire. Bien sûr, j’ai rarement ri autant depuis ces 5 dernières années honnêtement. Là aussi, ça s’est déroulé à Marseille, entre l’université et le vieux port, où on se dirigeait tranquillement. Pour rigoler, je lui ai tiré sur sa barbe, ça lui a fait mal et il s’est mis dans une colère noire, qui s’est traduit par de l’agressivité, une fois de plus. Il a surpris tout le monde en courant hyper vite et en se jetant à l’horizontale sur un poteau-lampadaire. Avec la vitesse, il a pu faire 2 tours du poteau en le tenant avec les bras tendus, quand je suis arrivé à sa hauteur, il a lâché et j’ai pris son pied direct dans la carotide. C’était un coup terriblement bien porté, rapide, efficace, propre, pas de mouvement parasite, c’était superbe et j’étais complétement groggy. Une véritable leçon.

 LR : Pour finir, avez-vous un message pour les jeunes qui nous lisent ?

 C.F : Oui, on voudrait leur dire que cette pratique est ouverte à tous ceux qui veulent la rejoindre et ce, dès le plus jeune âge. On peut même commencer à la pratiquer chez-soi, tout seul ou avec son petit frère par exemple. Je crois que l’anecdote de Guillaume avec la sans-abri est quand même un beau message d’espoir, que de voir que la violence peut parfois éviter un dialogue bien pénible.

 Les deux jeunes hommes nous saluent bien poliment et s’éloignent, côte à côte. Nous entendons des voix s’élever et nous pouvons apercevoir au loin, le plus grand des deux prendre appui sur ce qui semble être une poubelle métallique. Un bruit perçant retentit alors. C’est la dernière image que nous avons des deux compères.

 La rédaction

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