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L'actualité des étudiants
10 mars 2016

[Portrait] - Clément Cayol, l’humour comme terrain de jeux, mais pas que

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Un lundi comme un autre, dans une colocation du 7ème arrondissement de Lyon, un homme à la stature imposante – tantôt acquise par la musculation, tantôt par la bière – se lève boitillant, souvenir d’un énième match de rugby disputé quelques jours plus tôt, et se fraye un passage jusqu’à la salle de bain, en prenant soin d’éviter vêtements sales, bouteilles de rhum vides et ballons de rugby qui jonchent le sol. Après avoir pris une douche sommaire en écoutant « Le blues du Businessman » en boucle, il peut mettre en place ses lentilles de contact et boire une première gorgée de café Malongo des petits producteurs, volontairement surdosé.

 

Clément Cayol débute ainsi sa routine matinale. C’est généralement après avoir visionné l’Intérieur Sport sur Jonny Wilkinson, en lieu et place du premier TD de la semaine, qu’il se rend à la BU de l’Institut d’Études Politique de Lyon, où il y étudie pour la 4ème année, afin de travailler un exposé sur la situation économique de l’Iran, par exemple.

La suite ? Il se rendra en fin de journée à l’entraînement du GP Rugby Club, qu’il a d’ailleurs décidé de présider 2 ans en arrière. Une initiative parmi d’autres traduisant cette habitude chez lui de prendre les choses en main, tôt acquise chez celui qui, à 18 ans, laissait 1000 kilomètres entre lui et sa famille pour poursuivre la primauté d’un rêve d’élévation intellectuel. « Laver mon linge, me faire à manger tout seul, quitter une maison avec jardin sur la côte d’azur pour la grisaille parisienne, rien ne pouvait freiner mon rêve », plaide celui qui, déjà très mature, avait décidé de redoubler sa 1ère ES pour avoir un meilleur dossier et pouvoir rentrer à l’Institut Catholique de Paris et se préparer aux concours des IEP.

 

Sur le terrain de rugby, il a porté tous les numéros, ou presque. De pilier à ailier en passant par la 3ème ligne, on a même déjà pu le voir au centre. « C’est un joueur puissant, vif et qui fait preuve d’initiative » nous glisse Thomas, co-équipier et ami. Un joueur qui n’hésitera pas à jouer une touche rapidement pour renverser le cours d’une partie.

Son dos a donc - presque – déjà été floqué des numéros 1 à 15. Comme dans la vie, où on peut évidemment le retrouver à l’Université, mais aussi au bord d’une piscine olympique, où il a passé une bonne partie de sa vie, enchainant les compétitions ici et là. Après avoir passé son brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique en 2014, on le retrouve aujourd’hui plutôt à l’extérieur du bassin qu’à l’intérieur, en tant que nageur sauveteur durant les périodes estivales sur les plages ou piscines de la côte d’azur. Un travail qui lui permet de vivre plus allègrement durant ces deux mois de retour dans le Sud.

 

Il se dit couche-tard, lève-tôt, mais c’est certainement son « envie de vivre » qui le pousse à l’être, car un petit boulot, il en possède aussi un à Lyon. Trois ou quatre fois par semaine, on peut le croiser dans les rues lyonnaises, qu’il connait maintenant par cœur, en tant que chauffeur-livreur. Ce n’est finalement qu’à 22h30 que débute son moment « relax » de la journée, pendant que d’autres en sont déjà à leur quatrième pinte de chouffe sur les quais du Rhône. Et que fait-il alors ? Il donne encore de son temps pour les autres, en travaillant sur l’Assolidaire, son bébé. Une association dont l’objectif est d’inviter les étudiants à s’engager dans des actions de solidarité, qu’il a fondé en 2013 et dont il était trésorier, aussi. Véritable meneur, on pourrait aussi le voir organiser une récolte alimentaire pour des sans-abris, ou encore travailler sur ce projet de solidarité, qui l’a vu partir un mois au Cameroun en 2012, afin de construire une école au sein d’une équipe de 6.

 

On pourra également le voir échanger avec son colocataire et ses voisins sur les politiques de développement, l’écologie-politique, l’économie sociale ou encore la lutte contre la pauvreté, mais quand vient l’heure pour tout le monde de regagner sa chambre, pas question de se laisser aller à un CS sur son ordinateur, non. On le verra plutôt plongé dans un bouquin philosophique, posé devant un bon film, en connaisseur, pour ce passionné de cinéma, fan absolu de Wes Anderson, ou encore, devant OSS117 : Le Caire, nid d’espions, son péché mignon. Le Caire d’ailleurs, d’où il revient tout juste, après avoir étudié un an au département d’enseignement de l’arabe contemporain du Caire. Après l’anglais, il faudra donc ajouter la langue arabe à son CV.

 

Mais de toute cette polyvalence, il y a forcément un liant qui assemble le tout, un ciment, une matrice qui relie tous les grains entre eux, un lien qui assemble les feuillets d’un livre : l’humour.

Prêt à tout pour une blague, il le dit lui-même : « si j’ai décroché, même un seul rire, c’est gagné ». Il voit dans l’humour non seulement une raison de vivre mais une échappatoire, comme quand un problème technique lui empêche de diffuser son PowerPoint : « impossible de le projeter, donc j’ai dû me contenter d’être drôle à l’oral ». Et ça marche.

Il y eut aussi cette fois où au moment de partir d’une soirée, il dit à son ami qu’il préfère finalement rester un peu, avant d’attendre qu’il parte et de prendre un autre chemin plus long en courant et d’arriver avant lui, et avoir l’air posé sur le canapé, comme s’il était là depuis des heures. Ce n’est pas grand-chose, mais ça valait tellement le coup de se faire autant mal pour obtenir des rires, voilà peut-être, comment résumer sa vie en une phrase.

 

Fervent admirateur du comique de répétition, il le pratique beaucoup, aussi. Une de ses blagues préférée, est de reprendre les gens quand ils font une faute de français, mais dans les deux sens. Si bien qu’ils ne savent plus s’il faut dire « amener » ou « apporter », « chez le coiffeur » ou « au coiffeur ». Il a retourné plus d’un cerveau, très tôt, comme Sophie Lacreu, en moyenne section, où il lui disait que la couleur verte était en fait le rouge et inversement, ce qu’elle pense toujours aujourd’hui. Mais pour l’humour, toujours.

 

Clément Cayol, quelqu’un de très cultivé, porte-parole d’une jeunesse qui sait s’engager, prêt à tout pour les autres, comme pour une blague, mais qui n’a sans doute jamais vraiment su dire je t’aime à ceux qu’il aime. Homme d’action plus que de parole, il préférera dire au revoir d’une froide poignée de main, paume vers le bas, à son meilleur ami qu’il ne reverra pas pendant longtemps, plutôt qu’une grosse accolade chaleureuse. Mais il n’hésitera pas une seule seconde à enfourcher son vélo à 02h30 du matin sous le vent et la pluie lyonnaise pour lui ramener ses papiers qu’il avait oublié, n’hésitant pas à stopper le bus en plein milieu de la route, et en faisant une petite blague au passage, pour l’humour, toujours.

 

La rédaction

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